La Brûlante Lumière de l’Amour

La Brûlante Lumière de l’Amour

par Paule Salomon

LA SORTIE DU CONFLIT INTÉRIEUR
La prise de conscience de ces quatre piliers de l’amour que sont le besoin d’être aimé, le besoin d’aimer, le besoin de s’aimer, et le besoin d’aimer la vie permet d’accéder à une sortie de l’emprise des conflits intérieurs et extérieurs. Pour l’exprimer autrement, une autre vie commence avec la sortie du champ psychologique et de ses limites délétères. Pour aborder le voyage de l’amour conscient nous avons besoin de commencer à nous guérir au moins à 50 % de nos manques et de nos névroses individuelles et collectives. La maison de l’amour conscient repose sur quatre piliers, et il faut d’abord réparer, consolider ces piliers avant de vivre sereinement à l’intérieur et s’y déployer. Une autre manière de parler serait de constater que ce que nous appelons l’ego ne se construit sur des bases saines que dans la mesure où ces quatre polarités de la personnalité fonctionnent dans une affirmation positive. Tant que l’ego est malade, trop faible, insuffisant, l’être fonctionne en dessous de lui-même, dans la victimisation, dans la revendication, la plainte et le malheur. Toute son énergie est occupée à colmater des trous, à trouver la force d’affirmer son ego et il n’entre que par effraction éphémère dans le royaume de l’amour. Quand la personne est un peu rassurée sur elle-même, sur sa valeur, quand elle a conscience de son pouvoir, elle commence le voyage de l’énergie qui lui permettra le dépassement de l’ego. Et il n’y a pas d’amour sans ce dépassement. Dans l’ego, on ressent de l’affection, de l’attachement, de l’intérêt, de la considération, de la sympathie mais pas l’amour. Le « je » est là pour nous protéger, nous défendre, nous assurer que nous avons toujours raison mais il ne laisse pas passer l’état d’amour doux, ardent et ouvert. En un sens, la connaissance intellectuelle, livresque de ce processus est inutile. Une personne qui n’a jamais vécu ce dépassement de l’ego ne saura pas de quoi il peut bien être question et interprétera tout cela en termes d’amour-propre; on ne peut pas non plus demander à une personne qui est en équilibre instable avec elle-même d’abandonner délibérément son ego, elle ne peut tout simplement pas. Le regard que nous portons sur l’amour ne cesse pas de changer au fur et à mesure que nous évoluons. Il arrive que des personnes particulièrement lucides disent avec un mélange d’étonnement et de tristesse « je ne sais pas ce que c’est que l’amour.  » Elles ont trente ans, quarante ans, cinquante ans et plus. Elles ont vécu des relations, elles ont eu des sentiments et des émotions, elles ont blessé, et elles ont été blessées mais elles ne savent toujours pas ce qu’est l’amour. Par contre nous commençons avec la maturité à entrevoir ce qu’il n’est pas. Et, par instants magiques, l’énergie d’amour est là pleine, il n’y a rien à soupeser, juste à vivre et se remplir.
L’amour est possible à partir d’une disponibilité intérieure, d’une certaine qualité de paix. Quand le conflit intérieur concernant l’image de soi et les relations avec les autres n’encombre plus en permanence le champ de conscience, une place existe pour un autre état d’être, plus contemplatif, plus accessible au bonheur, à la joie, à la douceur. Et c’est ainsi que se glisse en nous une disposition au vaste, un accueil, une tolérance, une chapelle intérieure ardente qui brûle jour et nuit, non pas du feu de la passion mais du feu de la présence. La porte du sanctuaire est ouverte et avec elle le risque de l’imprévu. On ne sait pas ce qui va se passer ni quelle forme l’amour prendra. On entretient une relation mais cela ne garantit pas que l’amour sera au rendez-vous. L’amour est là en dépit de la relation, avec elle ou sans elle. Et cet amour est une permanence; on ne peut le congédier sa ns s’absenter de soi-même. Que l’autre m’aime ou ne m’aime pas ne change pas fondamentalement la présence de l’amour en moi. Aimer authentiquement quelqu’un, c’est l’aimer toujours quelles que soient les circonstances. Comme dit le chanteur québécois  » Quand j’aime une fois c’est pour toujours.  » je suis amour pour toi, je t’ai reconnu, je ne peux plus t’effacer de ma mémoire affective essentielle, tu fais partie de moi, en t’aimant je me suis rencontré. je est un autre.

DE LA VICTIME AU CRÉATEUR
Heureusement, la victimisation n’est pas à l’œuvre dans tous les aspects d’une personne. Chacun porte des émotions négatives mais aussi une partie joyeuse et légère à laquelle il peut s’adresser. Il y a aujourd’hui beaucoup de séminaires et de thérapeutes qui permettent de développer cette possibilité positive. La victime cherche au départ un sauveur et n’a pas l’intention de se remettre en cause mais, rapidement, elle se trouve en face d’une part de ses impuissances et d’autre part de sa possibilité de recontacter son pouvoir. Il arrive qu’ elle prenne en otage son thérapeute et qu’elle fasse de lui un bourreau de plus à juger et à condamner. Mais, dès qu’elle commence à regarder comment fonctionne son piège, elle découvre aussi le moyen d’en sortir, d’accepter sa responsabilité. Le passage de la victime au créateur, du passager arrière au passager avant d’une voiture se fait par un véritable retournement de l’être. J’accepte de considérer que tout ce qui m’arrive est directement ou indirectement relié à ma responsabilité créatrice. Prendre conscience de cette possibilité et de ses conséquences est l’affaire de toute une vie. Car un être véritablement créateur est un être libre. La guérison de soi commence avec la prise de conscience de ce pouvoir créateur : plus on l’exerce, plus on a confiance en lui et plus il augmente. La vie tourne dans un sens positif. L’attachement au thérapeute a besoin d’être sur-veillé, car ce  » tu m’aimes  » intermédiaire, ce regard, cette écoute, pour bénéfiques qu’ils soient, peuvent encore tourner à la dépendance et aggraver la frustration.
D’une forme d’amour à une autre forme d’amour. Comment vais-je pouvoir aimer si je suis le créateur de ma vie ? La victime attend que l’amour de l’autre la remplisse. Le créateur apprend à se remplir lui-même ou à attirer l’amour de l’autre vers lui. La victime est pétrie de mésestime de soi, de culpabilité, de passivité, de dépendance, elle a transformé ce creux en piège pour pouvoir capter malgré tout une énergie qui ne vient pas à elle de droit comme elle l’avait cru. De l’expérience du nourrisson, la victime a gardé le droit au biberon. En s’apercevant que cette toute puissance ne marche pas, elle l’assortit du droit de blâmer, d’accuser et de se plaindre, elle se révolte mais elle est encore prisonnière du creux. Elle a même de plus en plus peur. Ce n’est qu’en acceptant de sortir la tête à l’air frais qu’elle découvre le plaisir de s’étirer et de jouer avec les autres sans les faire tomber dans son piège. Désormais elle expérimente une autre facette de l’existence.  » Tu m’aimes  » devient une aventure créative. Mystérieusement cette liberté qui joue avec la mienne m’apprivoise et s’apprivoise. L’intimité que nous partageons est comme un fruit rond, d’abord vert, qui mûrit, qui délivre ses senteurs, se déguste et se renouvelle. Se sentir aimer, se savoir aimé est une conviction intime qui apporte de la joie et de la force dans l’existence. Ceux qui nous aiment nous couronnent et font de nous les rois de l’existence. Nous pouvons apprécier cet amour, nous réjouir, lui donner du temps, de la présence, le cultiver, le rechercher, l’attirer, mais nous ne pouvons pas l’exiger. Il est dans son essence une reconnaissance d’être à être, une nudité, une acceptation inconditionnelle. On n’est pas aimé  » parce que  » ou  » bien que « , on est aimé. Cette gratification est immense. Quand on dit de quelqu’un : il est très aimé, on signifie par là qu’il est reconnu comme un être bienfaisant pour les autres.

Paule Salomon, La papesse de l’amour…… après La Femme solaire La Sainte Folie du couple, Paule Salomon revient et boucle sa trilogie sur le couple, l’amour et le sexe, avec La Brûlante Lumière de l’Amour. Celle qui fut professeur de philosophie dirige aujourd’hui un centre de développement personnel, après avoir beaucoup voyagé et vécu 10 ans en Polynésie. Elle se propose de faire découvrir à chacun sa vérité profonde et ouvre aux couples une voie nouvelle, leur permettant de sortir du cercle vicieux dominant-dominé. La vie à deux est trop souvent le terrain d’affrontements épuisants où l’amour se retrouve sacrifié. Comment briser ces liens de dépendance, transformer l’union en cheminement initiatique ‘ passer du stade « fusionner » à celui du « couple éveillé », éviter à la femme de trop se « masculiniser », à l’homme de trop se « féminiser », etc.? Autant de thèmes qui devraient passionner plus d’un couple en quête de bonheur.
                                                                                                                                            Paule Salomon