Danse avec la Vie
par Christelle Uytterhaeghe
J’élargis mes horizons dans ces écrits car l’Ayurvéda nous ancre dans notre environnement en lien avec nos choix de vie pour nourrir notre corps, nos sens, notre mental et notre âme dans un accord commun.
Ces quatre piliers sont essentiels pour se sentir incarner. La Biodanza répond largement à l’impulsion de la vie dans sa spontanéité, sa créativité, dans ce sentiment de liberté, d’amour en connexion d’âme à âme. Traduit par « danse de la vie », la Biodanza dynamise toutes les enveloppes de notre être en les harmonisant sur une même fréquence : la nôtre.
« Gérard, notre professeur, nous invite à nous mettre en cercle, main dans la main, pour démarrer sur une musique d’accueil où les regards peuvent se croiser, prendre contact timidement au début. Les corps se détendent petit à petit à mesure que la musique nous emporte et gomme le stress de la journée. Puis, des duos se forment comme dans une cours d’école où l’on marche ensemble à suivre le pas de l’autre, tout en respectant le sien, une harmonisation nait dans la synergie du groupe. Les sourires, les rires apparaissent, nous rajeunissons en un éclair au moment où notre sérieux d’adulte s’accroche aux porte-manteaux. Les notes de musique nous traversent, nous guident, nous possèdent comme le diable au corps. Nous dansons seul(e)s ou à plusieurs dans des éclats de rire remplis de vitalité, de liberté, d’expression corporelle. Chacun, chacune trouve son propre espace pour se libérer de soi-même, de ce mental envahissant et renaître dans le moment présent.
À chaque nouvelle découverte, Gérard nous oriente vers une suggestion de sa propre expression et ouvre les champs à la nôtre en toute liberté. Aucun jugement, aucune chorégraphie, juste le plaisir d’être ensemble, de danser au sein de la bienveillance et gouter à ces moments intenses. L’un porte le regard à l’autre, lui donne confiance, le gratifie d’amour, de reconnaissance. On s’enlace à chaque fin de morceaux dans une communication silencieuse pleine de gratitude. Puis, une autre personne nous accueille afin de plonger dans son regard pétillant de joie. Je m’amuse comme une enfant, je sautille, je rigole, je joue à en oublier les douleurs corporelles. Je libère le mental et me relie uniquement à la joie ressentie dans toutes mes cellules. Je deviens la musique, la danse, je me délie harmonieusement au rythme de la respiration, au son de mon âme connectée au moment présent. Je sens cette joie profonde se libérer sur l’arrière de la tête.
Des temps forts où l’on s’oublie complètement dans la transcendance, des temps plus calmes où l’on se connecte à soi, aux autres. Hanches contre hanches, enlacés les uns aux autres, nous formons un cercle intime porté par une musique douce, berçante. L’énergie circule, nos cœurs se connectent avec une telle puissance que j’ai le sentiment d’être un avec les autres. La voix bienveillante de Gérard nous guide à nous découvrir, nous redécouvrir dans le regard des autres. Les yeux sont miroirs de notre âme et on plonge sans plus aucune retenue dans ceux des autres. Des regards intenses, soutenus, qui en disent long, d’y voir tant d’amour, de réconfort, de douceur. De sentir cette recherche commune de cette connexion qui nous unit.
Cœur contre cœur, serrant l’autre dans un accueil universel, je ressens dans la poitrine comme une éclosion florale, un scintillement grandissant à la recherche d’un semblable et l’invite à s’ouvrir également. Et lorsque les cœurs se connectent, il n’y a pas de mot, pas de description fidèle à mes sensations, au cœur de cette relation particulière. Les âmes se reconnaissent entre elles et scintillent, pétillent dans un flux unique des pieds à la tête. Nous ne faisons plus qu’un où l’énergie de vie circule de nouveau librement.
Doigt contre doigt, nous nous mouvons ensemble en essayant de garder ce lien unique, de construire ensemble notre propre création dans le mouvement. Chacun ayant sa personnalité, cela demande à chaque fois un ajustement rythmique, un respect des possibilités de l’autre tout en partageant l’espace à notre disposition. Chez certaines personnes, la connexion se fait tout de suite et se prolonge en toute confiance, je peux vivre cela de l’intérieur en fermant les yeux et en me laissant guider par ce mouvement commun.
Être en relation, en communication avec toute sa sensibilité permet d’être en résonance avec celle de l’autre telles des vibrations subtiles d’Âme à Âme. Être en soi et en l’autre nourrit la vie, crée un lien invisible où circule librement l’Amour. L’immobilité hors temps ouvre une dimension lumineuse qui pétille et scintille de mille feux que seules ces âmes sensibles voient dans le regard de l’autre. L’Amour en toutes choses nous éclaire, nous guide vers notre propre lumière, identique à celle de l’universel.
Le temps s’efface, les tensions n’existent plus, seul l’essentiel demeure. La Biodanza nous invite à visiter ou revisiter l’humain en nous, de nous connecter aux éléments, de devenir plus authentique, plus proche de nous-même pour mieux comprendre l’autre et ouvrir notre champs d’expériences, notre champs conscient.
Nous terminons de nouveau en cercle et la ronde de fin est bien plus légère, plus joyeuse qu’au début. Nous enfilons notre manteau d’adulte pour une semaine en gardant cette connexion à notre enfant intérieur dans un mouvement de simplicité. »
Dans sa plus belle expression, la Vie peut-être douce, légère, pleine de joie, de rires, de connexion à l’autre, de lien précieux avec l’environnement. Il nous suffit de laisser le mental au placard en sourdine. Se sentir pleinement en vie, c’est laisser de côté nos images restrictives, c’est laisser une porte ouverte au petit grain de folie, à la découverte, à l’imprévu. « C’est sentir un feu ardent en soi qui nous dynamise sans nous dévorer, non pas du feu de la passion mais le feu de la présence bien plus lumineux et revitalisant. » comme le dit si bien une adepte aux vivencias. Nos cellules vibrent harmonieusement dans ces moments de grâce si éphémères mais tellement porteurs de joie profonde. Car nous invitons la création à s’incarner dans la matière pour qu’elle se transforme à nouveau en lumière.
Christelle Uytterhaeghe