Biodanza: Une pratique d’écologie humaine
Bases philosophiques
La Biodanza s’intéresse à la vie présente. « Pour bien penser, pour bien agir, il faut être présent. Etre présent, c’est la fonction essentielle du cerveau » (P. Chauchard, neurophysiologiste).
La Biodanza fait abstraction de toute finalité métaphysique qui n’est pas inscrite dans le potentiel génétique de l’individu. Toute sa démarche est fondée sur le principe biocentrique selon lequel l’univers fonctionne par systèmes interconnectés agissant par communication, information et interactions les uns sur les autres.
L’énergie des systèmes étant d’origine cosmique, et pour la terre d’origine solaire.
L’homme est partie intégrante de la biosphère sans pouvoir spécial de la dominer ou de l’exploiter. Il en dépend simplement pour sa propre vie. En ce sens, la perception philosophique de l’être humain par la théorie biocentrique de la Biodanza est profondément écologique.
Pour la Biodanza, le facteur essentiel de l’épanouissement humain est l’amour. Non un amour abstrait, mais l’amour sensoriel, émotionnel, qui se manifeste par le toucher, le don, l’affection, la tendresse, le respect de la vie de l’autre, par la compassion.
Le sacré n’est pas dans les cultes religieux ou dans les symboles patriotiques. Sacré est l’enfant qui a faim de nourriture et de tendresse maternelle. Sacrés sont l’amour, l’affection, la solidarité. Dans ce sens, l’attitude fondamentale de la Biodanza est écologique par sa présence dans la maison des hommes sur la terre.
Bases scientifiques pluridisciplinaires
La démarche de la Biodanza est scientifique au sens où la curiosité, l’attention interrogative, le doute nécessaire à une meilleure compréhension, à la progression et au changement sont toujours présents, et où l’erreur aussi reste possible.
Les exercices proposés par la Biodanza sont basés sur les connaissances scientifiques.
Plutôt un art qu’une science, la Biodanza fait appel à plusieurs disciplines des sciences humaines : psychologie, sociologie, ethnologie, éthologie, biologie, génétique, neurophysiologie, endocrinologie qui étudie toutes ces substances subtiles de notre être liquide.
Par la multiplicité des disciplines sollicitées, la Biodanza est pareille à l’écologie, une pratique pluridisciplinaire. Pour les espoirs et aussi les problèmes qu’elle soulève, elle devient transdisciplinaire, dans le sens où elle incite à des investigations et des progrès qui peuvent conduire au-delà des disciplines auxquelles elle fait présentement appel.
Implications artistiques
Comme art, elle sollicite, non seulement nos capacités cognitives corticales, mais également et surtout toutes nos facultés sensibles d’émission et de réception, de perception et d’émotion, tout ce qui passe par nos sens et qui génère et brasse toutes ces substances subtiles de nos humeurs et autres neurotransmetteurs.
Elle fait appel aux multiples expressions artistiques : à la musique qui peut devenir chant, au mouvement qui devient danse (d’où le mot Biodanza), au travail de groupe, car l’art est essentiellement communication sociale.
Grâce à tout son système complexe d’exercices, la Biodanza stimule chez les individus le potentiel génétique qui a besoin d’un milieu culturel riche pour s’épanouir. Comment cela se passe-t-il ? La description de la structure des exercices en donnera une idée plus précise.
Structure des exercices :
Pour ses exercices, la Biodanza se structure un milieu d’expérimentation (de vivencias) favorable à l’acquisition de l’autonomie, où chaque participant fait un travail d’ouverture, de relâchement, d’assouplissement et de mobilité de son corps. Grâce à cette préparation, il peut expérimenter une évolution multiple à plusieurs niveaux qui sont : La vitalité, l’affectivité, la sexualité, la créativité et la transcendance ; 5 lignes des besoins fondamentaux de l’épanouissement humain. Il est fait appel aux systèmes des plaisirs utiles, stimulés et régulés par des substances endogènes : béta-endorphine, endorphine et dopamine, liés à la satisfaction des fonctions de la vie, à l’inverse de la drogue qui enferme dans un cercle vicieux de plaisirs à vide dont le manque engendre la douleur réactivée par un autre plaisir à vide.
Le recours à la musique, le rythme, la danse, avec plaisir, en contact avec les autres, améliore l’ambiance des humeurs extérieures, sons et mélodies, odeurs et saveurs du corps, sympathie, antipathie, compassion entre les personnes. Le tout agit sur les bains des humeurs intérieures et informe les glandes, organes et autres tissus qui sécrètent les fluides neuro – et bio – transmetteurs, activateurs du cerveau (centre nerveux et glande sécrétrice d’humeurs) et des systèmes neurophysiologiques ; conduits nerveux et fluides internes responsables de nos plaisirs, joies, tristesse, détresses, mélancolie et élans de vie. Le dérèglement de ces humeurs est aussi parfois à l’origine des tumeurs du corps (cancer, autres immunités qui ne fonctionnent plus) et des maladies de l’âme que la Biodanza peut contribuer à restaurer.
Le milieu extérieur créé par les exercices de Biodanza agit comme stimulant de la vie physique et psychologique intérieure. En respectant le principe biocentrique, la Biodanza stimule les énergies propres du biosystème humain sans y introduire des énergies extérieures (physique et biochimique) qui coûtent cher. Dans ce sens, elle est une pratique écologique néguentropique qui renforce l’équilibre des biosystèmes humains sans les perturber.
Conclusion
Le travail de la Biodanza sur le milieu relationnel humain sollicite en nous une « attitude » écologique qu’on peut qualifier d’écologique. Attitude qui permet la prise en compte des qualités physiques et esthétiques de notre milieu matériel de vie. Cette attitude peut se résumer par « Courtisons la terre ».
En résumé, on peut dire que si la Biodanza est souvent perçue ou utilisée comme une thérapie, on devrait plutôt la comprendre comme une pédagogie, une « neuro-pédagogie », c’est-à-dire une pédagogie du corps par le corps. Pédagogie du corps qui s’étendra tout naturellement aux espaces physiques indispensables à la vie des corps.
Jérôme Heim