Des cours de Biodanza rencontrent un grand succès
Cette nouvelle forme d’expression corporelle proposée à Douai dans un magasin bio permet à ses participants d’atteindre un certain bien-être.
On l’appelle « la danse de la vie ». Chaque lundi soir, des cours de Biodanza sont proposés à « L’Accent Nature », une supérette bio située quai d’Alsace. En quête de bien-être, les participants s’y retrouvent en parfaite harmonie. « Dans la Biodanza, explique Gérard, le professeur, on s’exprime avec son corps. On laisse sa tête et la partie de nous qui juge, décortique et analyse aux vestiaires. » Les barrières sociales tombent sitôt la salle de cours franchie. Pas de directeur de banque, d’institutrice, de maman, d’ouvrier : « Dans la vie de tous les jours, on ne cesse de jouer un rôle, qu’il soit social ou professionnel. Ici, on laisse tout cela de côté. On vient seulement en tant qu’être humain », précise Gérard.
L’objectif est bien de vivre pleinement l’instant présent. La pratique régulière de la biodanza nourrit la partie saine de l’individu, élimine le stress en douceur, améliore la santé, renforce la confiance et l’estime de soi, aide à vivre en toute authenticité le moment présent, permet de profiter au maximum les petits et grands plaisirs de la vie, à tel point qu’au Royaume-Uni, la biodanza est reconnue comme thérapie complémentaire.
Les séances, appelées vivencia, durent une heure et demie. Sur fond de musiques, chacun s’exprime à sa manière, selon ses moyens et ses capacités. Seule obligation : tout le monde se doit de participer. « Si on est observé, on va se sentir jugé ou critiqué alors que pour vivre pleinement la danse, il faut rester le plus naturel possible. »
C’est aussi pour cela que les miroirs et les fenêtres de la salle, lorsqu’il y en a, sont recouverts d’un drap. « Il suffit de se voir dans une glace ou voir passer un oiseau par la fenêtre pour s’évader et ne plus être avec soi-même. » Car selon le spécialiste, amateur également de yoga, la biodanza permet de se retrouver. « Elle a un effet révélateur, assure-t-il. Et comme l’homme est un animal de société fait pour vivre avec ses semblables, la biodanza permet à la fois d’être avec soi-même et avec le groupe. »
C’est pour cette raison que Josiane est devenue accro à la biodanza. « Il y a quelques mois, j’ai voulu remettre du mouvement dans mon corps mais comme je n’aime pas le sport, il a fallu trouver autre chose. » Dès son premier cours, cette préparatrice en pharmacie oublie tous ses soucis. « Avec la biodanza, j’ai l’impression de retomber en enfance. Dans une société très informatisée, où l’on fait toujours la même chose, la biodanza est un langage du corps, un langage authentique car le corps ne ment pas. »
« Un authentique langage du corps »
Cécilia, d’origine sud-américaine, voue elle aussi une véritable passion pour cette nouvelle forme d’expression corporelle. « Quand je sors de cours, je suis complètement régénérée »
Nicolas ne dit pas autre chose. « Actuellement, je passe des entretiens d’embauche. Grâce à la biodanza, je ressens dans mon corps une énergie positive que je n’avais pas avant »
Aujourd’hui, les participants forment une vraie famille. « Pendant les cours, on ne parle pas. On réapprend à communiquer avec d’autres canaux, les yeux, le sourire, le toucher, explique Gérard. Cela crée forcément des liens. »
C’est justement cet esprit qui plaît à Josiane. « J’ai toujours aimé danser. Mais j’ai arrêter de suivre des cours de danses de salon car quand on vient sans partenaire, on fait bien souvent tapisserie. Alors qu’ici, tout le monde se mélange. Je retrouve un peu l’ambiance conviviale des bals folk où l’on se lâche complètement. »
La Biodanza a été créée au Chili dans les années 60
Retrouver la joie de vivre
La Biodanza est née en Amérique du Sud, au Chili, dans les années 60, par Rolando Toro Araneda, psychologue et anthropologue, spécialiste des comportements humains. « Au début, il a mis en place la Biodanza dans sa clinique. Devant les effets engendrés sur ses patients, il a décidé de l’étendre dans tout le pays. » explique Gérard, professeur de Biodanza à Douai depuis quatre ans. Largement pratiquée sur le continent sud-américain, la Biodanza se développe en Europe et dans de nombreux pays depuis une vingtaine d’années. Son nom vient de « Bios » qui signifie la vie et de « Danza » qui parle du mouvement plein de sens. De l’union de ces deux mots vient la Biodanza avec le sens poétique de « danse de la vie ». C’est une proposition d’expression et de développement des potentialités humaines qui utilise un ensemble de danses, le tout spécialement étudié pour réhabiliter l’élan vital et la joie de vivre.
Thierry Saint-Maxin
On l’appelle « la danse de la vie ». Chaque jeudi matin, des cours de Biodanza sont proposés au centre A. Vandaele de Bondues (59). En quête de bien-être, les participants espèrent à terme » transposer cette harmonie dans leur quotidien.
Appelez-le Gérard, tout court. C’est plus commode. Chaque jeudi, sur le coup de 10 heures, iles sont 10,15, parfois plus, à prendre part à son cours de Biodanza. Loin d’eux l’idée de s’asseoir et de regarder: ici l’important, c’est de participer. Tous ensemble, sinon rien. Car « si on est observé, on va se sentir jugé et critiqué », explique Gérard.
Stores baissés, pieds nus ou nu-pieds si ça vous dit, place à l’expression corporelle. Façon Biodanza, c’est-à-dire « en apprenant à être soi-même ». »Pas le directeur de banque, l’institutrice, la secrétaire ou la maman, précise Gérard. Dans la vie, on joue des rôles, mais derrière tout cela, qui sommes-nous ? »
Dans cette quête d’harmonie, au rythme de la musique, « on laisse tomber le passé et l’avenir pour se concentrer sur le présent et le vivre pleinement » Pour ce faire, au diable les barrières de la vie de tous les jours. L’âge n’a pas d’importance, la position sociale non plus. « Les participants ont de 25 à 84 ans,reprend Gérard. Chacun vit sa propre danse, en fonction de ses moyens et de ses possibilités. »
Adepte du yoga, désormais inconditionnel de la Biodanza, Gérard y a trouvé ce qu’il cherchait : « On est à la fois seul et avec le groupe. C’est important car on n’est pas fait pour vivre dans sa tanière. L’homme est un animal social… »
« Laisser aller le corps »
Dans la danse, cette communication « sans ambiguité » passe par une gestuelle, des regards, le toucher… « Les personnes qui sont vraiment seules ont l’impression d’avoir un point d’ancrage, comme une petite famille » explique Andréa, qui a découvert cette discipline, plus active que le yoga, il y a 7 ans, et qui n’y renoncerait pour rien au monde. Car « dans la danse, si c’est un pas à gauche, ce n’est pas à droite. Là, on donne comme on peut, comme on le ressent. » C’est précisément ce qui a sésuit Michèle, qui jusqu’à présent dansait seule chez elle, et s’est convertie depuis peu aux vertus de la Biodanza. « C’est de la danse suggérée,dit-elle. Il n’y a qu’à laisser aller le corps. Avec les autres personnes, il y a une espèce de feeling. » Pour Pierre – dit « Le voltigeur » – cet « élan de vitalité » tient à la présence de Gérard et de ses bonnes ondes: « En quelques minutes, il est capable de déclencher l’enthousiasme. Quand on le voit bouger, on est pris par l’art de la danse … »
Fanny S.
Ce qui frappe quand on voit arriver les participants, c’est leurs sourires. Ici, pas de triste mine , pas de regards fuyants, l’accueil est chaleureux et ouvert. L’effet Biodanza ? Peut-être… Mais qu’est-ce que c’est au juste que cette discipline qui fait de plus en plus parler d’elle ?
« C’est une forme d’expression corporelle qui vise le bien-être. Chacun s’exprime librement dans l’espace, et se découvre grâce aux autres car il y a un effet miroir. » Pour l’instant c’est encore compliqué, mais Gérard (lire ci-contre), le prof, l’assure, il faut le vivre pour comprendre. Ou observer les participants qui arrivent.
Femmes au foyer, retraité ou employée, jeune fille branchée , et quelques messieurs aussi. Pour les esprits chagrins qui seraient venus chercher une bande de doux dingues, c’est raté. Les sujets présentent des comportements tout à fait normaux. Et si l’on s’approche encore ? L’accueil est très chaleureux. Il y a par exemple Brigitte, 55 ans, qui discute avec Maud, 29 ans. Ce qu’elles sont venues chercher ? «Un temps de loisirs, et de bien-être, lance Brigitte. Je cherchais depuis longtemps quelque chose qui me corresponde, pour me détendre mais au contact d’autres personnes. » Et Brigitte a trouvé son bonheur en franchissant la porte du cour de Biodanza. Parce qu’ici le collectif respecte l’individuel, et vice-versa. Un exemple ? « Quand je sors d’un cours de step je suis complètement crevée. C’est normal, à mon âge. Mais quand je viens ici, tout est à mon rythme, mais en groupe. » Un peu de danse, un peu de yoga, un peu de gym douce…La Biodanza, c’est tout ça, mais c’est encore autre chose. « Nous sommes dans une notion de plaisir, précise Gérard. Retrouver le plaisir du corps en mouvement… C’est génial parce que c’est immédiat. On peut ressentir tout de suite le plaisir de bouger, on se reconnecte à son corps. Même si on est fatigué, si on a mal quelque part… il n’y a aucune exigence de résultat, tout est fait dans le respect du corps. »
Un peu de douceur
Et au delà du bénéfice physique, tous parlent d’une nouvelle façon de percevoir les choses. « On ne parle pas pendant les cours, explique Gérard. Et donc, on réapprend à communiquer avec d’autres canaux, les yeux, le sourire, le toucher… il n’y a rien d’obligatoire, on fait des propositions et celui qui ne sent pas quelque chose ne le fait pas. » Maud acquiesce. Psychologue dans la vie, elle va prendre son deuxième cours, satisfaite de ses premières impressions. « Ici, il n’y a pas de masque, pas d’a priori. On se regarde dans les yeux, il y a de vrais échanges, de la vérité. Je pense que les gens qui viennent cherchent ça aussi, même s’ils n’en ont pas conscience. » Pour Brigitte, qui n’en est pourtant qu’à sa quatrième séance, c’est une révélation : « Moi je suis habitée par la douceur et la tendresse. Nous vivons dans un monde individualiste dans lequel je ne me reconnais pas… Quand on arrive ici, on se regarde, on se dit bonjour, on se touche simplement, sans gène. Ce contact… Vous savez, moi je suis d’une génération où le corps était tabou. Ici, je me redécouvre. » Gérard l’affirme, avec le temps, c’est la vie de chaque jour qui s’en trouve transformée. Plus d’assurance, un meilleur contact avec les autres, de la vérité, de la joie de vivre, « le bonheur de se sentir pleinement vivant ». Comme Wanda qui refuse de donner son âge. Pas par coquetterie, mais : « J’ai l’âge qu’on me donne. Je vous dirai juste que je suis en retraite. Ca se voit pas hein ? » De fait, Wanda dégage une énergie communicative. Le fruit de sept ans de Biodanza. « Je suis allée partout, à Lille, à Villeneuve d’Ascq. Nous étions parmi les premiers dans la région. » Et ? « Physiquement ça m’a fait du bien, j’avais des problèmes de circulation… » Mais encore ? « Au fil du temps, je me suis aperçue que je ne voyais pas le monde de la même façon, je sentais les gens différemment. Il y a des filtres qui s’enlèvent, je ne sais pas comment vous dire… » C’est pourtant clair : un voile qui se lève, un regard neuf… « Ces séances sont un peu comme un rendez-vous que je prends avec moi-même, avec mon corps que j’ai longtemps négligé, et avec les autres… Les gens qui me connaissent savent que ce n’est pas de folklore. Ils voient que je me sens bien. » Et même ceux qui ne la connaissent pas…
Gérard , prof de Biodanza « Dans la vie je travaille dans l’industrie »
La Biodanza est née en Amérique du Sud dans les années 60, créée par Rolando Toro, chilien, professeur d’anthropologie médicale et de psychologie de l’art et de l’expression. Elle s’appuie sur les sciences du vivant (biologie, anthropologie ethnologie, psychologie…) Largement pratiquée sur le continent sud-américain, elle se développe en Europe depuis une vingtaine d’années…et en France depuis une quinzaines d’années.
Formé à l’école parisienne Rolando Toro, Gérard est l’un des fondateurs de l’association des professeurs de Biodanza en France. Et dans la vie ? « Je travaille dans l’industrie, spécialisé dans les mesures physique. C’est un monde très cartésien… » qui ne le satisfait pas pleinement. Bien avant d’entendre parler de la Biodanza, Gérard s’était engagé dans un démarche de développement personnel. « C’est ma prof de Yoga qui m’a parlé de ça un jour. Elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas m’expliquer, mais que je devais essayer, une fois. » Et depuis …
Pour rester, faut participer
S’il parle de cette partie de sa vie au travail ? « Non. C’est un monde cartésien, un milieu qui n’a absolument rien à voir avec ce que l’on fait ici. Et en plus, au travail, les gens ont des masques, ils ne sont pas naturels. Par contre, dans mon travail, quand je fais de la formation, il m’arrive d’intégrer certaines notions de Biodanza avec parcimonie… »
Un profil particulier pour pouvoir participer ? « Absolument aucun. Mais vous savez, en général, les gens qui arrivent ici sont déjà dans une démarche de développement personnel. Mais tout le monde peut venir évidemment, pour essayer. »
Car sur ce point, Gérard est formel : pas question de rester si c’est juste pour regarder. « Je ne veux pas d’observateurs dans les cours. Les participants perdraient leur naturel , ils ne se sentiraient pas bien. Si quelqu’un veut rester, il faut qu’il participe. Je commence en général par une explication, puis par une démonstration, mais les gens ne sont pas obligés de reproduire. Chacun peut vivre le moment selon ses possibilités, ses moyens. »
Anna M.